Plongée dans la tradition du Jala Neti : une pratique ancestrale mise en question
Dans le dédale coloré et vibrant des ruelles de Varanasi en Inde, où les senteurs d’encens se mêlent aux mélodies du sitar, une tradition ancestrale se perpétue. Je parle bien sûr du Jala Neti, cet art yogique de nettoyage nasal au moyen d’une petite théière appelée Lota, qui a connu un regain de popularité ces dernières années, notamment grâce à internet. Le Jala Neti, c’est cette étrange cérémonie où un individu incline la tête sur le côté et verse de l’eau salée dans une narine pour qu’elle ressorte par l’autre, dans un ballet aquatique de purification et d’éveil spirituel. Mais ne vous y fiez pas, même si cette pratique possède des racines millénaires et des vertus entrevues, elle réserve son lot de dangers.
Vers une compréhension des risques du Jala Neti
Si dans les pays occidentaux, le Jala Neti suscite une fascination mêlée d’un frisson d’anxiété, c’est qu’au-delà de son aspect spirituel et des promesses de bienfaits pour la santé respiratoire, il comporte des risques bien réels en cas de mauvaise utilisation.
Le premier écueil est lié à l’eau que l’on utilise : elle doit être pure et stérile. Avec la recrudescence des pratiques « do it yourself », nombreux sont ceux qui, tentés par cette expérience, utilisent de l’eau du robinet. Or, cette dernière peut contenir des impuretés, des bactéries ou encore des parasites qui, au contact des muqueuses nasales, peuvent engendrer des infections fongiques, bactériennes voire parasitaires. Dans les cas les plus graves, certaines amibes trouvées dans l’eau non traitée ont été liées à des infections mortelles du cerveau.
Une pratique pas si inoffensive
De plus, le Jala Neti ne s’apparente pas à une douche cosy un dimanche matin. On parle là d’un véritable massage intense des parois nasales et, lorsqu’il est pratiqué sans précaution ou avec trop de rigueur, il peut endommager les délicates muqueuses nasales. Ceci peut entraîner des douleurs, des saignements et même une altération de l’odorat.
Le péril ne se limite pas là. La technique en elle-même est délicate à maîtriser et nécessite une réelle initiation pour éviter les écueils. Le mauvais positionnement ou l’inclinaison incorrecte de la tête peuvent entraîner une aspiration de l’eau dans les poumons ou les sinus, avec le risque d’infection ou de pneumonie qui en découle.
Un avertissement éclairé
Enfin, tout comme chaque remède naturel, le Jala Neti possède ses contre-indications. Il est déconseillé aux personnes souffrant d’otites chroniques, d’asthme grave ou de problèmes respiratoires. Il n’est pas non plus recommandé pour les personnes ayant subi une chirurgie sinusienne récente.
Au travers de cette immersion dans l’univers du Jala Neti, l’idée n’est pas de diaboliser une pratique ancestrale qui a fait ses preuves et contribué à améliorer la santé de millions de personnes à travers les siècles. Toutefois, il paraît essentiel de mettre en lumière les dangers que cette pratique peut engendrer lorsqu’elle est réalisée sans précaution ou sans le conseil adéquat. À l’heure où le web nous donne accès à des milliers de recettes et pratiques de bien-être, il est primordial de rappeler que chaque acte compte et que l’autodiscipline requiert aussi une dose de discernement. Le Jala Neti, comme chaque tradition, est plus complexe qu’il n’y paraît et ne doit être abordé que dans un contexte de respect de soi et de son corps.
Il est recommandé d’aborder la pratique du Jala Neti avec prudence, de consulter un professionnel de santé avant de commencer, et, si possible, de l’apprendre directement d’un praticien expérimenté pour éviter toute complication. Le savoir ancestral du Jala Neti, tout comme la richesse culturelle de Varanasi, mérite bien cette approche respectueuse et consciente.